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INTERVIEW : Festival Blast-Off & Rescue Party avec Toto de l’association World People
Le week-end du 16 juillet 2016, nous avons eu la chance de participer à l’événement psytrance organisé par World People suite à l’annulation du festival Blast-Off. Nous y avons rencontré des personnes hautes en couleurs, généreuses et ouvertes d’esprit. Le tout couronné d’un fond visuel et sonore de qualité.
Nous avons voulu mettre en lumière la force de travail et l’engagement des organisateurs.
Voici notre entretien avec M. Chopin Antoine, dit Toto ; il est un des organisateurs du festival Blast-Off, et membre de l’association World People. Un acteur du mouvement underground émérite, aussi drôle que sympathique, sous ses airs de punk hippie, se cache un homme droit dans ses bottes et plein de volonté.
Quel est le type de votre structure ?
World People est une association de loi 1901, qui a pour but de développer un courant culturel.
Est-elle subventionnée ?
Non pas du tout, on veut rester indépendant. Etre subventionné, ça t’impose de respecter certains engagements et te rend tributaire de celles-ci. Nous préférons rester underground !
Combien de temps de travail ce festival représente ? Combien de personne ont travaillé dessus ?
En temps de travail effectif, 9 mois. Et plus d’un an en préparation du projet et à penser au thème. La question du thème nous est chère car nous voulons faire des événements qui nous ressemblent, en invitant les gens du public a se déguiser et a être acteurs plus que spectateurs pour former une grande équipe, car sans le public nous ne sommes rien !
Une vingtaine de personne se sont engagées bénévolement sur le projet. Il n’y a pas de salarié dans l’équipe et c’est justement ce qu’on essaye de développer.
Pour nous les free-parties sont des événements libres mais pas forcément gratuit. J’aimerais développer ce courant, que des gens puissent profiter de leur passion et en vivre.
Combien de prestataires auraient dû travailler avec vous ?
Une vingtaine, 120 000 euros de budget qui n’ont pas pu être dépensés à cause de l’annulation, c’est 120 000 euros qui n’allaient pas dans notre poche! C’est en ça que c’est injuste, et une honte au vue des difficultés que rencontre notre pays en ce moment car on faisait
travailler beaucoup de structures.
Aviez vous prévu d’engager des prestataires locaux ?
Oui bien sûr, c’est ce que nous voulions faire, engager des structures de la région et du département afin de respecter les gens qui vivent sur place et de les investir dans notre projet.
Comment s’est passé le déroulement de l’annulation ?
Alors il y a eu 3 phases.
Sur le premier terrain, le propriétaire est décédé, et par respect pour lui et sa famille nous avons changé de location. Ce qui nous a fait entrer dans une course pour trouver un nouveau terrain à 2 mois du festival.
Le deuxième n’était pas optimal au niveau des conditions de sécurité,mais nous avions réussi à remplir toutes les conditions les plus extrêmes imposées par la Préfecture, à dépenser de plus en plus d’argent ce qui nous tuait le budget, mais nous étions décidés de faire le festival, même à perte pour montrer notre sérieux et que ce n’est pas que l’argent qui nous motive .
Mais la Préfecture a été intransigeante, nous mettant la barre de plus en plus haute, croyant qu’on lâcherait l’affaire, mais ils ne savaient pas à qui ils étaient confrontés.
Quelque part je ne peux pas leur en vouloir, la Préfecture engage sa propre responsabilité en signant les autorisations. Mais ils n’ont fait qu’amplifier et rejeter tout le travail que nous faisions car ils ne voulaient pas du festival en prétextant qu’ils avaient déjà beaucoup trop de travail, comme les feux d’artifices, le tour de France ou même le concert de Johnny (alors que tous le monde connait bien le personnage ! Mais maintenant que sa musique est rentrée dans les mœurs on accepte beaucoup de chose, alors qu’il n’y a que 50 en arrière c’était considéré comme la musique du diable !)
Il est donc clair que nous passons après tous ces gens, alors que comme eux il y a 50 ans nous représentons un mouvement musical du futur. Nous sommes face à une discrimination de notre mouvement, de notre culture et de notre musique, car nous le jour de la fête nationale nous n’avons pas le droit de nous exprimer !
La Préfecture nous a donc redonné un ultimatum de 24h pour trouver un nouveau terrain, croyant encore une fois que cela serait au dessus de nos moyens… Mais encore une fois c’était sans compter sur notre capacité à rebondir et notre détermination à satisfaire notre public qui croit en nous, nous soutient et nous suit !
On a donc trouvé un autre terrain réunissant toutes les conditions de sécurité. Il y a eu des aller-retours entre la Préfecture, les propriétaires du terrain et nous-même. La Préfecture nous a mené par le bout du nez, nous faisant travailler pour remplir toutes les conditions pour au final faire pression sur la pauvre propriétaire, en lui demandant de ne « SURTOUT » pas signer la lettre d’autorisation, nous mettant ainsi complètement à terre !
Au dernier moment les propriétaires se sont donc rétractés sous la pression des autorités, gendarmes, maire et Préfecture.
C’est tout simplement de l’abus de pouvoir pour nous faucher dans notre élan et être sûr que le festival n’ait pas lieux.
Mais comme d’habitude nous nous sommes relevés et avons organisé cette « Rescue Party ».
Comme d’habitude? Vous avez donc déjà connu des difficultés par le passé?
Malheureusement on a des antécédents avec une préfecture. En fait lors d’un précédent festival que l’on a organisé, on a eu un dépassement de jauge prévue : un événement voisin a été annulé, cela a entraîné une affluence imprévue de festivaliers. Face à celle-ci j’ai décidé d’accueillir les personnes restées sur la route, afin de libérer les accès de secours. Et c’est pour ça que ce week-end, ça a été très dur de faire une sélection. Autant au niveau des artistes qu’au niveau du public… Car ce n’est VRAIMENT pas notre mentalité.
Mais nous n’avions pas le choix et avons voulu respecter nos engagements autant auprès de certains artistes qui étaient en transit chez nous pour un autre festival en faisant cette « Rescue Party ». Mais du coup cela nous imposait de respecter la personne qui nous recevait et nous faisait confiance pour faire seulement une fête avec moins de 500 personnes. Et quand on a la chance de trouver quelqu’un comme ça, on se doit de le respecter !
Etant surveillés par les RG nous avons donc juste fait passer le message de bouches à oreilles, à de gens que nous connaissions, et il est clair que nous sommes désolés pour les gens oubliés ou qui n’ont pas été contactés… Nous avons vraiment essayé de faire au mieux !
Et je sais qu’il y a des gens qui ont été dégoûtés de ne pas avoir été avec nous, et nous nous en excusons encore.
Pourquoi faites-vous ça ? Avez-vous un message à faire passer ?
C’est ma passion. J’adore ça, j’ai la chance d’avoir une activité qui est de rendre les gens heureux en créant une petite bulle d’oxygène, en les faisant danser le temps d’un trou de l’espace-temps de leur vie. Le meilleur des résultats c’est de voir vos sourires.
Un message pour les lecteurs ?
Faites attention à vous, montrons l’exemple, en prenant soin des autres et de notre Terre Mère qui nous permet à tous de vivre, sans elle nous n’existerions pas ! Nous ne sommes pas qu’une « bande de défoncés », comme ils ont plaisir à le dire ! Alors ne nous laissons pas trop aller pour aller plus loin.
On se retrouve l’an prochain!
Propos recueillis par Luc et Flora